Les Hôtels


Villa Eugénie - Hôtel du Palais
En 1860
Le Domaine Impérial et le Pavillon des Cent Gardes en 1860.


et en 1890.

L'actuel hôtel du Palais n'est pas la villa Eugénie d'origine. Imitant un E majuscule, la maison
ne fut pas bâtie d'un seul jet au sommet du petit plateau.

Les travaux commencèrent en 1854 sous la direction de M. Couvrechef, architecte de la Couronne ;
ils furent exécutés par Hippolyte Durand, secondé par l'inspecteur Bertrand.

L'entreprise générale revint à M. Candas, directeur des bâtiments de la Couronne.
La pose de la charpente était presque achevée en avril 1855.

En 1867, la ville Eugénie fut haussée d'un étage et dotée du télégraphe.


En 1862

Le 23 septembre 1870, Napoléon abdiquait, l'impératrice et son fils s'exilaient en Angleterre. Avec la défaite de Sedan, puis l'armistice du 28 janvier 1871, Biarritz s'interrogeait : qu'adviendrait-il de la Villa Eugénie ?

Maire et régisseur durent protéger la villa contre émeutiers et vandales. Le saccage, commencé le 4 septembre, était enrayé de justesse ; une pancarte déclarait le domaine " Propriété nationale réservée aux blessés ".

Le personnel recruté par l'empereur resta sur place autour d'Etienne Ardoin.

Des enchères en 1875 mettront en vente matelas, couvertures, glaces, etc. La bibliothèque est donnée au couvent N. D. du refuge d'Anglet. La consternation s'empare de Biarritz. A la demande de l'ex-impératrice, la duchesse de Tamamès, sa nièce, occupa quelques temps les appartements.

Veuve, ayant perdu son fils, Eugénie vendra le domaine le 6 novembre 1880 à la " Société du Crédit Mobilier Espagnol ", administrée par cinq hommes d'affaires : MM. Ardoin, Henri O'Shea, James Hermann, Emile Péreire et Ruiz.

Ces associés décidèrent d'affecter la villa à l'hôtellerie sous le nom de " Palais-Biarritz ". On travailla à la restauration.

Le dimanche 31 juillet 1881, veille d'inauguration, la villa se trouvait transformée en maison de jeux avec café-
restaurant, cabinets particuliers, tables de jeu. Certains s'attristaient de fouler aux pieds, à raison de trois francs
l'entrée, les couronnes impériales et les initiales entrelacées sur les mosaïques du salon.
Au mois d'août, la population fut admise à visiter mais le personnel filtrait l'entrée et exigeait la correction de la toilette. Les aménagements intérieurs continuèrent.

Du mobilier fut vendu aux enchères. En novembre 1885, la cour était encombrée de ballots et de charrettes. Linge de fine toile, vaisselle, services de ruolz circulaient de main en main. La foule allait et venait, envahissant la fameuse terrasse.

Dans le vestibule où un buffet était installé cochers, valets, garçons d'hôtel faisaient ripaille.
Le calme revenu, la haute société et les anciens courtisans descendirent au " Palais ".
En accueillant l'aristocratie, magnats et mécènes, l'ancienne villa Eugénie restait la vitrine de l'Europe.
L'étage avait été haussé et mansardé. Trente hectares de parc furent cédés à la Compagnie Financière
" La Banque Parisienne " qui découpa le domaine en lots.

Départ d'une chasse à courre - 1890
   

La nuit du 1er février 1903, le palais napoléonien fut anéanti. Le feu éclata dans les combles. Attisé par un vent violent, l'incendie ravagea l'édifice en trois heures de temps.

La grande-duchesse Olga, soeur cadette du Czar Nicolas II, épouse du prince Pierre d'Oldenburg, enfila un manteau et s'enfuit à l'hôtel Continental. Un greffier du tribunal de Bayonne sauva la lourde cassette de bijoux de la princesse.

Le chef d'orchestre Rosenfeld prit en charge les bagages.

L'impératrice Eugénie pleura lorsquelle apprit la destruction de " sa " villa.

En septembre 1903, une Société constituée par Alfred Boulant, propriétaire des deux casinos et MM. Lévy et Bloch,
acquéreurs du Helder, acheta les ruines de la villa et fit reconstruire l'hôtel sur ses anciennes bases.
L'inauguration eut lieu en 1905.

L'hôtel fut la résidence de prédilection du roi Edouard VII.

Lorsque Lord Campbell-Bannerman donna sa démission de Premier Ministre, son successeur Herbert Asquith vint à l'hôtel du Palais recevoir l'investiture le 7 avril 1908. Cet acte peu orthodoxe fut très critiqué et légalement contesté. Le Times parla de " dérogation unique et inopportune ". Mais quel prestige pour Biarritz et quelle réclame pour Le Palais !

La mort du roi en mai 1910, peu après son départ de Biarritz, plongea la ville dans la consternation. Une délégation partit assister aux funérailles.

Le Roi Alphonse XIII prenait la relève et y séjourna assez régulièrement. C'est là qu'il avait présenté sa fiancée en 1906.
   
L'hôtel ne fut pas réquisitionné pendant la première guerre mondiale. En 1919, il reçut John-Joseph Pershing,
commandant en chef des forces américaines.

L'entre-deux guerres vit se dérouler toutes sortes de fêtes, dont, en 1922, le bal Second Empire présidé
par Alphonse XIII et le shah de Perse et en 1927, la Verbena del Amor.

Le prince de Galles, futur Edouard VIII, semblait vouloir suivre les traces de son grand-père et adopter Biarritz.

En 1950, deux ans avant d'être détrôné, le roi Farouk fit son entrée dans le parc du Palais au volant d'une luxueuse voiture. Il avait retenu une vingtaine de chambres au second étage. Son séjour à Biarritz fut très remarqué.

En 1959, " le roi des rois " Haïlé Sélassié fêtait son 67e anniversaire au Palais. On le vit signer des autographes sur la plage, pantalons retroussés, pieds dans l'eau.

Le neveu du roi d'Arabie Saoudite s'y arrêta, venant de Majorque, avec une suite d'une trentaine de personnes. Deux camions de valises l'avaient précédé. Il loua six Mercedes avec chauffeurs et fit venir de Paris grands couturiers et fourreurs. Son épouse acheta plusieurs visons. Le prince perdit deux millions en une nuit au casino Bellevue.


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Textes de Monique et Francis Rousseau - Biarritz-Promenade
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